mardi 11 février 2014

HYSTERESIS de Loïc Le Borgne


Il m'a suffit de deux infos pour succomber à la pré-commande de ce livre, la couverture magnifiquement réalisée par Aurélien Police et le fait que Le Bélial révèle que ce soit un post-apo. Miam quoi !!



« Allô, c’est un enfant perdu qui vous parle.
Est-ce qu’il y a quelqu’un de l’autre côté ?
Non, vous êtes déjà morts.
Je suis l’enfant de vos enfants, je suis de votre sang.
Il y a une petite bougie allumée près de moi. Il faut économiser les bougies. Autour, c’est le noir de la cave, celle où je vis. »
Le temps a filé depuis la Panique, la grande, l’incommensurable débâcle qui a couru sur le monde, balayant jusqu’au dernier rêve d’une humanité autocentrée... Le temps a passé, oui, et il a fallu reconstruire comme on a pu. Essayer, en tout cas, et au prix fort : celui du savoir, bien sûr, mais aussi celui de l’espérance... Et quand Jason Marieke arrive à Rouperroux, misérable village accroché à sa survie précaire, lui, l’ancien, celui d’avant la Panique, homme en quête doté de connaissances mystérieuses et aux questions qui dérangent, alors semble sonner l’avènement d’une ère nouvelle, celle des réponses et du cortège d’horreurs qui les accompagne...
Romancier bien connu dans le champ des littératures dédiées aux plus jeunes, Loïc Le Borgne signe avec Hysteresis son premier roman « adulte », récit post civilisation très personnel, puissant, lyrique, porté par une langue ciselée et une sensibilité tranchante.

Déjà il est bon de prévenir, ce n'est pas un post-apo comme on a l'habitude de rencontrer, pas de survie exacerbée, ni voyage à travers une France dévastée. 

Un Homme Jason, arrive dans le village de Rouperroux et se fait accueillir par Romain un jeune garçon de treize ans. Le roman est d'ailleurs portée par la voix de Romain. L'homme surprend la population locale de par son âge, il est vieux, il a pas loin de 60 ans, il est donc né avant la Panique, avant le Grand Cataclysme. Et les vieux ont les apprécie pas beaucoup dans le Village, on leur crache plutôt dessus, faut bien le dire. 

Comme le mentionne la 4ème de couverture, ce récit est plus post-civilisation. La nouvelle Génération post Panique, né après donc, vouent une haine profonde de leur aïeux. L'idée du livre ce fait sur la réflexion du monde qu'on laissera demain à nos enfants, quelles seront les conséquences de nos actes, n'iront-il pas cracher sur nos tombes du désastre qu'on leur laisse. S'ils en sont là, si la civilisation ressemble maintenant plus à une société toute droite sortie du moyen-age, n'est-ce pas la faute de nos ancêtres, de nos vieux ? Et s'il y a une chose à retenir, c'est de ne pas commettre les mêmes erreurs que les anciens, et pour cela, ils ont choisis de vénérer la nature où l'arbre est sacré, où chacun sait trouver une part de merveilleux, remercier et respecter la nature pour ce qu'elle nous donne. N'est-ce pas beau ? 

Seulement, pour Jason, ce qu'on lui reproche c'est bien son âge. Il fait partie des responsables, quelque soit son degrés d'implication, il est né avant la Panique. Le récit se fait dans une ambiance pesante et oppressant, tel un huis clos. Le livre dégage, pour ma part, la même atmosphère que le film « Le Village »de M. Night Shyamalan. Jason, lui ce qui le dérange dans ce village c'est justement de ne trouver aucun citoyens de son âges, la Panique s'était, il y a 42 ans. Certes, il y a eu de nombreux procès et lynchage mais il devrait quand même subsister des anciens, par ancien, on entends plus de 45 ans !

J'ai vraiment été transportée par le récit, je découvre une nouvelle plume et je suis totalement conquise. Ce livre « post-apo » reprend plus les codes du fantastique et du merveilleux par l'aspect quasi surnaturel et féerique qu'il dégage. L'écriture est très imagée, on entre dans ce village avec une très bonne représentation des lieux, j'ai vraiment eu l'impression de rencontrer Mélusine et Mélopée chantant leur comptine préférée, je vous offre la version longue (version courte en gras) : 


Qui a brûlé les ailes des fées ?
Est-ce un dragon, est-ce un satyre, est-ce un sorcier ?
Qui a coupé les ailes des fées ?
C’est mon papa, c’est mon tonton, c’est mon pépé
Qui a chassé la reine des fées ?
Ce sont les vieilles, ce sont les vieux qui l’ont tuée

Qui va venger la reine des fées ?
C’est les enfants, petits ou grands, qui vont jouer

D'ailleurs à ce propos Loïc Le Borgne est un faiseur de comptines je les ai toutes trouvées magnifiques. Le roman en regorge, de fait puisque l'éducation, le « savoir » se transmet aux enfants de cette manière. En Voici une encore sublime, que je vous amène avec un extrait pour mieux cerner l'ambiance du roman :


« Cette abomination, la guérisseuse a clamé d'une voix forte et grave en désignant de nouveau l'éolienne, cette abomination perturbe la tranquillité de notre village. Plus grave encore, elle perturbe ce en quoi nous croyons. Elle perturbe les arbres et perturbe les esprits. Elle va tuer les oiseaux, les papillons, les abeilles, et tous les êtres qui volent.
- Elle peut tuer les fées ? L'une des jumelles a demandé avec un air catastrophé.
- Elle peut leur coupé les ailes entre ses bras qui sont comme des fléaux et peut les broyer. Elle est la mort, la Camarde. Elle peut tuer ces êtres et ces forces que nos aïeux, maudit soient-ils, ne voyaient plus. Les machines appellent vers nous les hommes de feu, les monstres des bois, les mauvais génies des tempêtes et ceux des ouragans. Rappelez-vous le Serment aux fées : 
Un vautour métallique a cassé ta maison
Le ver informatique a oublié ton nom
L'araignée numérique a craché son poison
Le serpent électrique pliera sous mon talon
Douce fée nous jurons
Demain nous combattrons
Ces abominations ! »

Le livre en foisonne de ces chansonnettes et comptines qui sont de véritables pépites et donnent à l'ouvrage une réelle profondeur et viennent apporter cette touche d'atmosphère dérangeante au roman. Le récit a réussi également à m’émouvoir par une histoire d'amour singulière, pleine de tendresses et de finesses, que je préfère ne pas trop révéler pour ne rien enlever au texte et que je vous conjure d'acheter.

Vous l'aurez compris, c'est un véritable coup de cœur, qui m'a surprise là où je ne m'y attendais pas. Bravo à l'auteur et merci aux éditions Le Bélial de nous faire découvrir cette pépite !


Une dernière pour la fin, la chanson me trotte même encore dans la tête; c'est vous dire l'emprise que le roman me laisse !

Au cœur tu te sens basculer
Mais tu es seul, tu ne peux rien y changer
T'as le bonheur des gosses à préserver
Alors tu gueules pour pas te voir pleurer 
Tu t'es passé la corde autour du cou
Tu serres le lien t'implores à genoux
Car ton passé est trop lourd d'habitudes
Tu ne fais rien pour changer d'attitudes 
La limite, la limite, on a atteint la limite
C'est la fuite, c'est la fuite
On a atteint la limite
On s'abrite, on s'abrite
Il faut qu'on s'aime encore plus vite
A la limite 



Je vous invite également sur cette page : , vous découvrirez un peu du carnet de Jason Marieke ...





12 commentaires:

  1. Hé bien, tu donnes envie, je croise les dois pour avoir remporté ton concours pour ce livre :D

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    1. Je ne sais toujours pas qui sera le gagnant, le tirage au sort est vendredi pour la saint valentin ^^

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    2. C'est combien pour te corrompre ? J'ai deux boites de smarties qui trainent :p

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    3. tes arguments pour me corrompre sont assez faible tout de même.
      Puis je vais t'avouer un truc j'aime pas les smarties !!
      Par contre j'ai une grosse, grosse faiblesse sur les M&Ms ^^

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    4. Je ne négocie pas avec ceux qui aiment les M&M's grrr :p

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    5. Nous n'avons pas les mêmes valeurs :p
      Non mais t'imagines si random te choisi, j'aurais l'air d'une corrompue !

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  2. Ça a l'air d'être à la hauteur des attentes suscitées en tout cas !

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    1. J'avais pas d'attente particulière, l'éditeur avait vraiment été avares en info. C'est juste la couverture qui était prometteuse finalement.

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  3. C’est vrai que les contines sont réussies !

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  4. Réponses
    1. après lecture, je trouve plein de points positifs à ce roman; mais pourtant j'ai l'impression d'être passée à côté! mais il est suffisamment original pour mériter qu'on s'y attarde

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