dimanche 17 août 2014

La fille flûte et autres fragments de futurs brisés de Paolo Bacigalupi


Edition : Au diable Vauvert
Date de publication : Mai 2014
Prix papier : 23 €
Prix numérique : 9,99 €
434 pages


Recueil de dix nouvelles, la fille Flûte confirme que les possibilités de la science fiction sont aussi importantes sous forme courte que sous forme longue. L'auteur du best-seller international La Fille automate y concentre son regard autour de considérations sociales, politiques et environnementales, et on trouve là de magnifiques variations sur les thèmes qui deviendront centraux dans ses romans. Presque toutes ces histoires ont été récompensées ou no minées pour les prix Nebula et Hugo, et la nouvelle « L'homme calorie» a remporté le prix Theodore Sturgeon.

La fille flûte :


Une jeune fille, Lidia, et sa sœur jumelle, Nia, ont été transformées depuis leur adolescences afin d'offrir un prodigieux spectacle. Paolo Bacigalupi nous offre une nouvelle absolument éblouissante et prenante pour ouvrir ce recueil. J'ai été interloquée par cette nouvelle à l'imagination poussée dans un univers futuriste dystopique, effrayant tout en étant somptueux et magique.

Peuple de Sable et de Poussière :

La terre n'est plus qu'un immense déchet qui est devenu un vaste terrain de jeu.  L'espèce humaine, que la science a entièrement modifié ne connaissent plus la vulnérabilité, ils sont presque des dieux pouvant se nourrir de tout et n'importe quoi, tout en se reconstituant très rapidement. Alors même que toutes les espèces animales ont disparu, ils trouvent un chien, un vrai. Chen, Jaak et Lisa se posent moult question, faut-il le manger, l'atomiser ou le garder. Le garder revient à très cher, aliment particulier, eau filtré, etc. 

Si quelqu'un du passé nous trouvait ici et maintenant, que penses-tu qu'il dirait de nous ? Nous considérerait-il encore comme des humains ?
Un excellent texte,  qui en périodes estivales donne une résonance toute particulière, soulignant d'autant plus la responsabilité d'acquérir un animal. Et une fois encore le background de cette nouvelle fait mouche !

Du dharma plein les poches :

Un gamin mendiant se retrouve à devoir transmettre un étrange datacube. Malheureusement, il n'arrive pas à remettre cet item particulier et cherche à en connaître le contenu. Encore une nouvelle pleine de richesses, le contenu et l'usage du datacube sont très surprenants, le tout encore servi dans un background foisonnant et de toute beauté, que demander de plus !

Pasho :

Raphel revient parmi les siens après 10 ans d'apprentissage Pasho, des sages dotés d'un immense savoir. Raphel à l'origine est un Jai, les Jai ont des traditions très ancrés et respectent scrupuleusement le Quaran. Raphel a fait son apprentissage à Keli. Une ville ennemi des Jai, surtout de son Grand-Père, Gawar, qui ne considère plus son petit-fils comme un Jai. D'ailleurs, Gawar veut repartir en guerre contre Keli. Il n'entend pas laisser son peuple se faire pervertir par une ville qui n'ait plus capable de respecter les traditions, qui ne les connaît même plus. Il demande à son petit-fils de faire un choix, mais les Pasho sont neutres et surtout, garants du savoir. J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, qui a su faire entrevoir les points de vues de chacun, d'un Grand-père nourri d'une haine face à une société qui se développe de façon pérenne et se sent agressé dans son identité. De Raphel, fort de son savoir et continuant de respecter le Quaran... Une nouvelle juste, pleine d'échos.

Le chasseur de tamaris :


L'eau se faisant de plus en plus rare, certains contraints de vivre en dehors des gros pôles urbains deviennent chasseurs de tamaris. Le tamaris est un arbuste prolifique, absorbant énormément d'eau. Lolo lui arrache les tamaris, c'est ça façon de gagner un peu d'argent, seulement il a vite compris que s'il souhaite continuer d'en vivre il fallait qu'il y ait toujours des tamaris à arracher, il va donc frauder un peu et en replanter discrètement. Un secret jusqu'ici bien garder... Une nouvelle toujours aussi riche, qui retranscrit très bien l'homme dans la survie face aux restrictions et la raréfaction des ressources, toujours aussi pertinent dans les problématiques abordées. 

Groupe d'intervention : 

Voici une nouvelle dure à résumer, je pense qu'elle perdrait trop à être trop décortiquée. D'autant qu'avec le titre et le fait de savoir que l'homme est devenu immortel, trop nombreux et qu'il n'a plus le droit de se reproduire vous avez une vague idée du contenu. Une nouvelle frappante, toujours aussi bien mené. J'ai vraiment l'impression de me répéter d'une nouvelle à l'autre tant ce recueil est bon. 

Le yellow Card :


Cette nouvelle se passe dans le même univers que La fille automate. Ce qui m'a permis de découvrir un peu ce futur construit par l'auteur dans son roman que je n'ai pas encore lu, ce qui est assez engageant. Mais qui de mon point de vue m'aurait plus parler si j'avais lu le roman précédemment. Ce qui n'enlève en rien les qualités de la nouvelle. Je la relirais quand enfin j'aurais lu La fille automate.

Plus doux encore : 

Une nouvelle dont on ne peut que souligner la qualité. Elle coule toute seule, c'est d'ailleurs la nouvelle qui demande le moins de matière grise à comprendre. Je ne sais pas trop ce qu'elle fiche dans le recueil, elle relève plus du thriller que de l'anticipation. Elle aurait été limite plus justifié au milieu du livre histoire de redonner une peu de souffle au cerveau qui s'en prend plein la figure tout le long du recueil. 

La pompe six : 

La meilleure nouvelle du roman, qui dans la version originale justifié d'ailleurs le nom de recueil. La société est en déliquescence. Héritier d'une technologie qui les dépassent, les gens que je ne peux nommer individus, ce ne sont plus que des gens au sens le plus péjoratif du terme, essayent de survivre dans un ersatz de société moderne qu'ils peinent à garder en état de fonctionnement. Une nouvelle percutante et effrayante de véracité. 



Paolo bacigalupi signe ici un très grand recueil d'une qualité incontestable, qui pointe avec justesse les désordres économiques et écologiques ainsi que l'abrutissement abject de l'espèce humaine, qui engage elle-même son extinction prochaine. 









4 commentaires:

  1. Celui-là va bientôt sortir de ma PAL pour être lu !

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  2. Ok, j'ai compris : à lire d'urgence ! :)

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  3. J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil, même s'il n'a pas non plus été un coup de cœur il se révèle très dense et terriblement efficace.

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