mercredi 30 janvier 2013

Enfer Clos - Claude Ecken


Editions : Le bélial
Illustration : Eric Scala
Date de parution : 14 Mars 2003
Pris papier : 10 € / pris numérique : 4,99 €
135 pages

« Il n'y a jamais de motifs aux enfers qu'on se forge. Seulement des prétextes. »
1945.
La porte d'une triste masure se referme sur une fratrie marquée par le malheur et la honte. Bernadette et Suzie ont été tondues pour avoir couché avec l'occupant. Tondues et violées sur la place du village... Putains ! Putains ! Guillaume, le plus jeune, muré dans sa terreur, parle si peu qu'aux yeux de tous il n'est qu'un attardé doublé d'un déserteur. Quant à l'aîné, Clément, il a beau se poser en héros, on devine sous la patine du mensonge une vérité aux couleurs plus troubles...
Et c'est lui, Clément, violent et paranoïaque, qui prend la décision de cloîtrer son petit monde derrière les volets de cette cabane insalubre. Car il faut se protéger des autres, de l'extérieur, de ceux qui ne crient qu'un seul mot en cette période exultante de l'après-guerre : vengeance ! Ainsi débutent quarante années d'un enfermement total, quarante années pour libérer le monstre qui sommeille en chacun, quarante années d'enfer clos...

Comment suis-je venue à lire ce roman, j’essaye de me remémorer le cheminement. Je crois que j’arpentais le catalogue des éditions du Bélial quand j’ai été interpellée par la couverture, signé Eric Scala. Et puis j’ai lu le résumé qui m’a de suite accrochée puis j’ai lu quelques critiques. Et j’ai laissé ce livre pendant longtemps dans ma « Wish list », jusqu’au jour où j’ai eu l’opportunité de lire « En sa tour, Annabelle » nouvelle téléchargeable gratuitement (mais à laquelle vous pouvez apporter une contribution) sur le site des éditons du Bélial. Là j’ai eu un vrai coup de cœur pour cette nouvelle. Je me suis donc précipitée pour acheter « Enfer Clos ».


Enfer clos est un court roman de 135 pages très dense. Qu’on commence et qu’on ne lâche plus jusqu’à sa fin. Et bon courage si vous le finissez en pleine nuit pour trouver le sommeil. Dense et encore une fois, tel que je l’ai précisé aussi pour Plop, à ne pas à laisser entre toutes les mains. Le récit est dur et à la limite du soutenable.
Je vais rebondir aussi sur certaines critiques que je ne nommerais pas puisque le but ici est plus un avertissement. J’ai lu des articles descendre ce roman parce qu’il allait trop loin, certes, mais ce n’est pas parce qu’un roman va trop loin pour certains qu’il en est mauvais. Ce n’est pas parce que ça vous heurte que le récit n’est pas bon, c’est qu’il n’est pas fait pour vous.
Deux frères et deux sœurs viennent à s’enfermer dans une masure délabrée de deux pièces, volets et portes fermées pendant 40 ans. Qu'est-ce qui les a poussés à cet extrême, l’honneur. Les sœurs Suzie et Bernadette se sont fait tondre et violées en place publique pour s’être données aux Boches. Guillaume, le plus jeune, est un déserteur, avec une personnalité extrêmement introvertie qui vit dans une angoisse permanente d’être retrouvé et fusillé pour désertion. Clément décide d’enfermer sa famille dans cette cabane afin de se protéger de l’opprobre. Ils vont rester enfermés dans cette maison pendant 40 ans, 40 ans d’un enfer clos.

Quatre adultes sont enfermés pendant 40 ans dans des conditions de vie plus que précaire, je vous laisse imaginer dans quels extrêmes l’enfermement peut pousser les personnages. Personnages qui on le sait dès le début ne sont pas ce qu’il y a de plus équilibré au vu de leurs antécédents. Et l’auteur ne fera l’impasse sur aucune description, chaque situation y est brillamment et méticuleusement décrite. Chaque chapitre nous poussera un peu plus vers l’horreur, vers ce qui nous parait inconcevable. Durant cette lecture on est témoin de ces atrocités, de vrai témoin, pas seulement spectateur d’un fait divers relaté succinctement. On y est, on est présent dans les moindres détails où rien ne nous est épargné.

Une lecture coup-de-poing qui me laissera des marques …







Ils l'ont lu : Gromovar, Plume 


2 commentaires:

  1. Un livre très dur. Je m'en souviens encore...
    Brrrr...

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  2. Lu il y a, au moins, 6 ans, un uppercut dans l'estomac qui fait mal, un de mes premiers livres d'une noirceur insondable (bien avant Plop ou l'univers de Volodine que j'ai découvert bien plus tard).
    Bref, je ne peux qu'être d'accord avec toi sur le caractère de coup de coeur de ce récit viscéral.

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