dimanche 5 avril 2015

L'expérience de Christophe Bataille

Éditions : Grasset
Date de publication : 14/01/2015
Prix papier : 12 € / Prix numérique : 8, 49 €
82 pages


Je suis sorti de la tranchée et tout de suite ses yeux m’ont fixé : deux prunelles de cendre. C’était une chèvre, une pauvre chèvre que nous n’avions pas vue, enchaînée sur la plaine, face au pylône et à la bombe. Un chevreau semblait s’abriter derrière elle, sur ses pattes tremblantes. Tous deux étaient comme cuits. J’ai abandonné mon compteur, et la chèvre s’est mise à hurler. Le chevreau était tombé sous elle. Il y avait ce cri, mécanique, sans être, un cri à nous rendre fous. Pour ce cri, j’aurais renoncé à la France. »
Avril 1961, dans le désert algérien. A trois kilomètres de ce point inconnu, une tour de cinquante mètres porte une bombe atomique. Le jeune soldat qui parle, accompagné d’une petite patrouille, participe à une expérience. Il est un cobaye.
C’est cette zone d’intensité extrême que nous livre Christophe Bataille. Face à l’histoire et à la mort, il reste les mots, les sensations, la douceur du grand départ puis la lumière.


Je ne voulais pas faire de chronique de ce livre, non pas qu'il m'ait déçu par son contenu alors que son contenant ça c'est autre chose. 12 euros pour 82 pages ultra aérées pour un ouvrage d'un simple collage, où une manipulation excessive fera vite se décoller les pages, en plus d'être du vol, c'est une honte. 

Le contenu : Cette lecture m'a été initiée par Nicolas Winter, sa chronique très juste m'a convaincue de lire cette novella.  

Seulement, je n'ai apparemment pas lu cette histoire avec le même écœurement que mon confrère blogueur. Pourquoi ? C'est quelque chose dont on a parlé ensemble. Ce livre m'a juste révélé à quel point une histoire "vraie", un témoignage sale sur notre belle patrie la France, peut être ressentie différemment selon les lecteurs. Pourquoi moi, une grande sensible, une indignée, celle qui a une fâcheuse tendance à monter aux créneaux n'a pas été écœurée par ses révélations. 
Le grand public ignore-t-il encore les essais nucléaires/chimiques fomentée par la France en Algérie ?
Moi non. 
Sans doute parce que je suis fille de militaire, d'un père parti en mission en Algérie, bien avant ma naissance, comme ce jeune soldat de ce roman. Mais pas la même base, pas la même époque, mais des similitudes dans le scénario. Oui la France avait encore deux bases en Algérie, une sur les recherches nucléaires : Reggane et une sur les recherches chimiques : B2-Namous. Je n'en connaissais évidemment pas les détails. Mais rien ne m'a surprise quand des précisions m'ont été apportée. Les témoignages, de mon père et de ce soldat, sont différents, le recul face à ces expériences aussi. 

Finalement, je n'ai pas une réaction "normale", j'ai une réaction formatée, du à une éducation où le respect, le silence toujours et où La grande Muette a toujours eu le dernier mot. Elle a conditionné ses petits soldats et ses rejetons avec, et je n'arrive même pas à m'indigner de ce témoignage !! C'est l'échange avec mon père qui m'a le plus bousculé, blessé, fait réaliser. Parce que le plus dure c'est de constater ce dénie « à l'époque, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, ils ignoraient à quoi ils nous exposaient ». 

A lire donc, et faites ce que je n'arrive pas à faire, indignez-vous !


ma note : 






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